lundi 15 mars 2010

#1 L'hommage du lundi /// Jean Ferrat


R.I.P. Jean Ferrat (26 Décembre 1930 - 13 Mars 2010)


Encore un lundi, encore un hommage. Espérons tout de même que ça va s'arrêter.

Jean Ferrat, de son vrai nom Jean Tenenbaum, est mort samedi à l'age de 79 ans des suites d'un cancer. Très engagé sur le plan politique du côté communiste, il s'était retiré de la scène musicale en 1972 pour vivre dans région natale en Ardèche, où il coulait des jours paisibles. Grand amateur de Georges Brassens (auquel il dédié une chanson A Brassens), il restait l'un des derniers représentants de cette scène de la vieille chanson française. Il appréciait également les poètes français, et à l'instar de Léo Ferré avec Baudelaire, il a mis en musique une partie des poèmes d'Aragon.

Triste jour pour le peuple français, qui perd là l'un de ses meilleurs musiciens...


Extrait du poème d'Aragon, "Prologue"

Je ne sais ce qui me possède
Et me pousse à dire à voix haute
Ni pour la pitié ni pour l'aide
Ni comme on avouerait ses fautes
Ce qui m'habite et qui m'obsède

Celui qui chante se torture
Quels cris en moi quel animal
Je tue ou quelle créature
Au nom du bien au nom du mal
Seuls le savent ceux qui se turent

Machado dort à Collioure
Trois pas suffirent hors d'Espagne
Que le ciel pour lui se fît lourd
Il s'assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours

Au-dessus des eaux et des plaines
Au-dessus des toits des collines
Un plain-chant monte à gorge pleine
Est-ce vers l'étoile Hölderlin
Est-ce vers l'étoile Verlaine

Marlowe il te faut la taverne
Non pour Faust mais pour y mourir
Entre les tueurs qui te cernent
De leurs poignards et de leurs rires
À la lueur d'une lanterne

Étoiles poussières de flammes
En août qui tombez sur le sol
Tout le ciel cette nuit proclame
L'hécatombe des rossignols
Mais que sait l'univers du drame

La souffrance enfante les songes
Comme une ruche ses abeilles
L'homme crie où son fer le ronge
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges

Je ne sais ce qui me possède
Et me pousse à dire à voix haute
Ni pour la pitié ni pour l'aide
Ni comme on avouerait ses fautes
Ce qui m'habite et qui m'obsède

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