jeudi 29 juillet 2010

#4 Les lyrics du jeudi /// Alain Bashung


Alain Bashung - Happe (from Osez Joséphine)

(Joseph Turner, La Tempête de Neige, 1842)

Quand une relation approche de sa fin, que l'amour des deux cotés s'est estompé, il est parfois très dur de l'accepter. Surtout quand c'est le temps qui l'a tué. Car il n'y a ni ennemi, ni raison, ni rien contre lequel on peut lutter, rien que l'on peut arranger. Mais il reste les souvenirs, l'amitié, et l'orgueil. N'est-ce pas suffisant pour rester ensemble? L'amour est-il absolument nécessaire?

Les deux personnages de Bashung sont dans cette situation, dans cette relation qu'ils savent vouée à l'échec mais contre laquelle ils ne sont pas prêts de renoncer. Mais on a beau faire tous les efforts, renouer, se retrouver, on sait qu'au plus profond de soi, dans son inconscient, dans ses rêves, l'autre n'est plus là. Mais renoncer, c'est aussi accepter l'échec. Et peu de gens sont capables d'accepter comme ça d'avoir perdu des années de leur vie. Seulement, à quoi bon continuer, quand cette séparation semble si évidente, quand les cymbales et les symboles collent? Cet amour, c'est le temps qui l'a tué, il n'y a aucun coupable, il n'y a rien a faire, il n'y a malheureusement aucune bataille à gagner, ni départ en grande pompe, il n'y a plus qu'à partir, se détacher, se dérober par la petite porte, sans laisser d'auréoles là où il ne reste finalement rien. Il faut du temps pour l'accepter, le même qui a tué l'amour, mais en attendant, on se sent comme happé dans une sorte de tourbillon, à l'image du tableau de Turner, incapable de s'accrocher solidement à quelque idée ou décision que ce soit, pour pouvoir reprendre ses appuis, et repartir.


Tu vois ce convoi
Qui s’ébranle
Non, tu vois pas
Tu n’es pas dans l’angle
Pas dans le triangle

Comme quand tu faisais du zèle
Comme quand j’te volais dans les plumes
Entre les dunes

Par la porte entrebâillée
Je te vois rêver
A des ébats qui me blessent
A des ébats qui ne cessent

Peu à peu tout me happe
Je me dérobe je me détache
Sans laisser d’auréole
Les cymbales les symboles
Collent
On se rappelle
On se racole
Peu à peu tout me happe

Les vents de l’orgueil
Peu apaisés
Peu apaisés
Une poussière dans l’œil
Et le monde entier soudain se trouble

Comme quand tu faisais du zèle
Comme quand j’te volais dans les plumes
Entre les dunes

Par la porte entrebaîllée
Je te vois pleurer
Des romans-fleuves asséchés
Où jadis on nageait

Peu à peu tout me happe
Je me dérobe je me détache
Sans laisser d’auréole
Les cymbales les symboles
Collent
On se rappelle
On se racole
Peu à peu tout me happe

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