lundi 28 février 2011

#1 La chanson du lundi /// TV On The Radio


TV on the Radio - Will Do


TV on the Radio ou le groupe qui n'a pas le physique que l'on lui donnerait. Entre bluesrock et soul, le groupe éclectique de Brooklyn revient avec un nouveau single droit dans la lignée de ce qu'ils savent faire.

Bien assemblé mais sans le petit plus produit, que faut-il penser de cette chanson ? Ca commençait comme du The Notwist, mais ça s'en éloigne trop vite. En même temps c'est pas le même groupe ni le même genre donc bon...

C'est en tout cas l'occasion d'annoncer leur nouvel album New Types Of Light à la pochette "intéressante" dira t-on. Disponible le 12 avril.


vendredi 25 février 2011

#5 La découverte du week end /// Neonbirds


Connaissez-vous... Neonbirds


Le week end ici, c'est souvent soit folk, soit coldwave. Cette semaine, ce ne sera pas folk.

Hier soir, le Comité se déplaçait au Bus Palladium dans le charmant 9ème arrondissement, à l'occasion d'une soirée pour le très bon magazine de culture / contre-culture Keith.

23h30. Le premier groupe est annoncé comme coldwave revival. Pas mal pour commencer la soirée, même si attention, il faut se méfier de l'emploi souvent grossier du terme coldwave. Enfin bref, assis sur un bon canapé bien mou et bien doux, entre vodka oranges et magazines en veux tu en voilà, les dispositions n'étaient pas mauvaises.

Et là, la claque. La vraie. Celle qui ne prévient pas et qui vous fouette violemment le visage, gros plat sur la joue. La voix est criarde, la guitare brutale électrise la salle comme un gros pull en laine sur les cheveux et se fond dans un mélange de bidouilles électroniques nuageuses.

On est plus proche de Berlin que de Manchester, mais l'esprit post punk de Joy Division plane inlassablement sur 30 minutes de flottements industriels, la vodka orange et le canapé bien mou et bien doux relégués au second plan.

Pas d'album, peu de Youtube, mais un Myspace et une chanson ici:


Bon week end et à lundi!


jeudi 24 février 2011

#4 Les lyrics du jeudi /// Bill Callahan


Bill Callahan - Too Many Birds (from Sometimes I Wish I Were An Eagle)



L'oiseau noir comme double métaphore d'une société individualiste que Bill Callahan dépeint ici. L'oiseau tout d'abord, seul parmi ses milliards de congénères. Chacun occupe sa place de la branche, lui qui vient d'arriver n'a nulle part où se poser, et doit chaque soir voler jusqu'à une pierre éloignée pour y rester dormir seul. Avant de repartir le lendemain, à la recherche éperdue de sa place dans le monde.

Noir ensuite, comme le mouton noir, le congénère que l'on réprouve, le mis à l'écart, le reclus. Tous ces écartés, qui volent dans le ciel telles des feuilles qui planent, ces oiseaux noirs qui crient. Et tous ceux, en bas, qui ne céderont leur place pour rien au monde.

Bill Callahan a perçu les limites de l'homme moderne. Incapable de s'ouvrir et de percevoir le monde qui l'entoure, de céder un instant de sa vie et un fragment de son territoire. Laisser sa place, c'est perdre une partie de soi, et mourir en quelque sorte. Someone's got to fall before someone goes free écrivait Dan Bejar.

Bill Callahan préfère conclure sur cette magnifique phrase, construite mot par mot, qui résume à elle-seule à la fois la beauté et le paradoxe de la pensée.

If you could only stop your heart beat for one heart beat.


Too many birds in one tree
Too many birds in one tree
And the sky is full of black and screaming leaves
The sky is full of black and screaming

And one more bird
Then one more bird
And one last bird
And another

One last black bird without a place to land
One last black bird without a place to be
Turns around in hopes to find the place it last knew rest
Oh black bird, over black rain burn
This is not where you last knew rest
You fly all night to sleep on stone
The heartless rest that in the morn, we'll be gone
You fly all night to sleep on stone, to return to the tree with too many birds
Too many birds
Too many birds

If...
If you...
If you could...
If you could only...
If you could only stop...
If you could only stop your...
If you could only stop your heart...
If you could only stop your heart beat...
If you could only stop your heart beat for...
If you could only stop your heart beat for one heart...
If you could only stop your heart beat for one heart beat.

mercredi 23 février 2011

#3 Le clip du mercredi /// Pigeon Hole


Pigeon Hole - Light Show


En ce jour de clip, rebelles que nous sommes, le Comité a décidé de révéler le côté hérétique de ses agrumes. Pour ce faire, nous ne mettrons ni le nouveau clip de Radiohead, ni celui de Kanye West.

Et pour aller encore plus loin dans la démarche, nous allons même mettre un clip de hip hop. Doit-on entendre par là gros seins et grosses bagnoles ?
Non. Entendez plutôt humour et gants de boxe. Oui, il y a encore des groupes qui pensent que le hip hop est avant tout quelque chose de léger comme un flow. Ca ne pouvait venir que du Canada ça.



mardi 22 février 2011

#2 Le concert du mardi /// Bright Eyes


Bright Eyes - The Biggest Lie (Elliott Smith cover) (Live @ Halloween Party, 01/11/03)


Quoi, encore Bright Eyes?? Encore Elliott Smith??

Oui, mais quand on voit Conor Oberst commencer les premières notes de The Biggest Lie d'Elliott Smith seulement 11 jours après le suicide de celui-ci, avec un masque de clown triste dessiné sur le visage, on est en droit d'être ému.

Car The Biggest Lie n'est pas une chanson comme une autre. Le plus gros mensonge, c'est dire que l'on veut mourir, que tous les faits et gestes de quelqu'un nous donne simplement envie d'en finir, alors que cette même personne est justement la personne qui nous donne encore envie de vivre, qui nous laisse entretenir un peu d'espoir.

A la fois ode à la mort et à la vie, The Biggest Lie est devenue l'une des chansons les plus représentatives du personnage d'Elliott Smith, lui qui, peu avant sa mort, laissait sous entendre qu'il se sentait beaucoup mieux.



La version studio.



Et le texte.

I'm waiting for the train
The subway that only goes one way
The stupid thing that will come to pull us apart
And make everybody late
You spent everything you had
Wanted everything to stop that bad
And now I'm a crushed credit card registered to Smith
Not the name that you call me with
You turned white like a saint
I'm tired of dancing on a pot of gold flake paint
Oh, we're so very precious, you and I
And everything that you do makes me want to die
Oh, I just told the biggest lie
I just told the biggest lie
The biggest lie

lundi 21 février 2011

#1 La chanson du lundi /// Steve Harley


Steve Harley - Make Me Smile (from The Best Years Of Our Lives)


Par ces temps pluvieux d'un mois de février brumeux, dans l'attente impatiente d'un été régénéré, le sourire se fait tiède.

Mais heureusement, Steve Harley et sa magnifique veste en cuir avec fourrure à même le corps est là pour vous le rendre, le sourire. Avec cet air charmeur, ces petits déhanchements dignes des plus grands danseurs de notre époque, le dandy aux cheveux longs ne peut que vous faire passer une bonne journée. Temps pluvieux ou pas.

Et comme si ce n'était pas suffisant, Make Me Smile est une petite pépite de chanson pop 70s, qu'on a pu voir (ou qu'on devrait aller voir) dans Velvet Goldmine.




vendredi 18 février 2011

#5 La spéciale du week end /// Iron & Wine


Iron & Wine - Concert du 17.02.2011 à l'Alhambra



Exceptionnellement, ce week end ne fera pas l’objet d’une découverte mais d’un événement, le concert d’Iron & Wine hier soir à l’Alhambra. Parce qu’attendre mardi pour en parler, c’est trop long !

Pour se remettre dans le bain, Iron & Wine on en a déjà parlé à plusieurs reprises (ici, ici et ici).

Les présentations faites, revenons maintenant à hier soir.
20h sur le papier. Le Comité arrive à 21h15 pour aller récupérer son accréditation presse, et se fait engueuler :

« C’est commencé depuis 15 min déjà les gars, vous êtes les derniers ».

Merde, ça ça veut dire inaccessibilité de la scène (www.jauraisduacheterunteleobjectif.com), mais surtout, 15 minutes, ça veut dire 3 chansons de ratées. Aïe, le stress, la boule au ventre.
Et si on avait raté The Trapeze Swinger ?
Et si on avait raté Resurrection Fern ?
PIRE ! Et si on avait raté Flightless Bird ? NOOON !

Oui, parce que quand on va voir un groupe comme Iron & Wine, il y a toujours LA chanson que l’on veut absolument. Et bien souvent, c’est LA chanson de l'un des premiers albums, celle que l’artiste ne veut plus jouer par esprit de contradiction, surtout quand il a effectué un léger virage musical entre temps. Alors on mise tout sur le rappel.

Ainsi en attendant que le concert se passe (et qu'est ce qu'il s'est bien passé!) on assiste à la magie Iron & Wine, intimiste puis explosive, drôle puis émouvante, entraînante du début à la fin et teintée de quelques perles mélodiques et vocales. On soulignera la magnifique version live revisitée de House by The Sea ainsi que le très bon Swans And The Swimming, ci dessous:


Puis le concert se termine, sans avoir eu la chance d'obtenir l’une des 3 chansons citées au début de l’article. Le groupe sort de scène, applaudi, acclamé, adulé, longuement, très longuement, les mains rouges de claquements, jusqu'à faire revenir Sam Beam, seul, avec pour uniques compagnons sa barbe et sa guitare. L’espoir renaît, puis la première note vocale s’échappe :

« I was a quick wet boy
Diving too deep for coins »

Certains commencent à chantonner discrètement dans leur barbe pour ne pas déranger, d’autres ont les larmes aux yeux, l’instant est magique et il va s'envoler

Il y a un an, on parlait de folk minimaliste en mettant ce magnifique live de Flightless Bird. Hier soir, on était même au delà de la folk avec un minimalisme accapela poussé à l’extrême.
3 minutes de pureté vocale, guitare à la main mais utilisée uniquement sur les 20 dernières secondes, comme si Iron & Wine avait décidé de s'en servir mais s’était laissé emporter par sa mélodie en oubliant de s’accompagner.


Bon week end et à lundi!

jeudi 17 février 2011

#4 Les lyrics du jeudi /// Lou Reed


Lou Reed - Perfect Day (from Transformer)

(Raoul Dufy, Paysage avec maisons et bétail)

Lou Reed sait écrire des belles chansons d'amour. Après une période Velvet Underground chaotique, avant un Berlin désespéré, et au beau milieu d'un Transformer très glam, il y a Perfect Day.

Perfect Day, où le récit d'une journée parfaite en compagnie de la bonne personne.

Oh, it's such a perfect day
I'm glad I spend it with you
Oh, such a perfect day
You just keep me hanging on
You just keep me hanging on

C'est beau, c'est plein de méliorisme (oh un nouveau mot), ça fait aimer la vie. Ca sent la chanson d'amour parfaite, sincère et sans excès. Qu'est-il donc arrivé au bon vieux loup addict des drogues dures? S'est-il apaisé dans les bras d'une tendre et douce?

Désolé mesdames, mais non, il parle encore d'héroine. On change pas Lou Reed comme ça.


Just a perfect day
Drink Sangria in the park
And then later when it gets dark
We go home

Just a perfect day
Feed animals in the zoo
Then later a movie, too
And then home

Oh, it's such a perfect day
I'm glad I spend it with you
Oh, such a perfect day
You just keep me hanging on
You just keep me hanging on

Just a perfect day
Problems all left alone
Weekenders on our own
It's such fun

Just a perfect day
You made me forget myself
I thought I was someone else
Someone good

Oh, it's such a perfect day
I'm glad I spent it with you
Oh, such a perfect day
You just keep me hanging on
You just keep me hanging on

You're going to reap just what you sow
You're going to reap just what you sow
You're going to reap just what you sow
You're going to reap just what you sow

mercredi 16 février 2011

#3 Le clip du mercredi /// The Black Keys


The Black Keys - Howlin For You (from Brothers)


On a jamais vu autant de créativité dans les clips que depuis ces derniers mois. Souvent de véritables courts-métrages, avec des concepts toujours plus originaux et des réalisations de plus en plus pointues. Aussi bien qu'au cinéma, avec la musique en plus et le fauteuil en moins.

Et justement (transition quand tu nous tiens), le nouveau clip des Black Keys est fait sous la forme d'une bande annonce. Il faut dire que la musique des Black Keys est tellement cinématographique qu'elle colle parfaitement au concept.

On ne reviendra pas sur notre amour pour la musique des Black Keys et de leur dernier album Brothers, mais on n'en pense pas moins.


mardi 15 février 2011

#2 Le concert du mardi /// Kraftwerk


Kraftwerk - Radioactivity (Live from Minimum/Maximum)


On connait tous Radioactivity, son clavier inoubliable et son fameux Stop radioactivity, it's in the air for you and me. Ah bon, il dit pas Preserve the air for you and me??

La version studio, devenue rapidement culte, n'a malheureusement pas très bien vieilli. Voila donc pour la remplacer la version live 2005, bien plus riche, bien plus neuve, bien plus radioactive.


lundi 14 février 2011

#1 La chanson du lundi /// The Strokes


The Strokes - Under Cover Of Darkness (from Angles)


Les Strokes, on va en bouffer au petit déjeuner cette année, en comprimés, en MP3 ou en CD, la prescription va être lourde. Le phénomène qui faisait l'uninanimité au début des années 2000 est de retour, après 5 ans d'absence.

Alors, qu'est-ce qui a changé? ou plutôt qu'est ce qui n'a pas changé?

Aujourd'hui, la voix de Julian Casablancas est un poil plus aigüe, mais pour le reste, c'est la même chose, exactement. L'énergie, la construction, la mélodie, l'électrique.
Cela dit, c'est bien aussi les choses qui ne changent pas. On déteste toujours se rendre compte que les gens que l'on aimait bien il y a des années ont changé.

Bref, difficile de juger sur un seul titre, donc on attend définitivement le 22 mars pour en dire plus.





vendredi 11 février 2011

#5 La découverte du week end /// Timber Timbre


Connaissez-vous... Timber Timbre ?


Dans la série j’aime-le-canada-mais-je-me-soigne, let me introduce you to Timber Timbre (pour l’occasion nous avons décidé de faire un peu de franco-english, pour une fois que l'on peut presque justifier une telle démarche).

Ah! le Canada… ses lacs, ses accents, son sens de l’humour et de la dérision.
MAIS AUSSI, sa créativité musicale, Coco Rosie, Arcade Fire, Broken Social Scene, Wolf Parade, j’en passe et des better !

Aujourd’hui, on est là pour parler de Timber Timbre, de leur sens de la diction et de la folk à la guitare sobre et discrète. La recette parfaite pour un petit moment de mélancolie sur le tapis du salon devant sa cheminée au coin du feu.

Demon Host


Bon week end et à lundi!

jeudi 10 février 2011

#4 Les lyrics du jeudi /// Iron And Wine


Iron And Wine - The Trapeze Swinger (from Around The Well)

(Marc Chagall, Adam et Eve chassés du paradis, détail, 1961)


D'un côté les souvenirs, impérissables, de l'autre le temps qui passe et l'espoir qui s'amenuise. D'abord amis (d'enfance?), puis la séparation inévitable quand chacun part de son coté, et l'attente, l'incertitude et l'amour grandissant amenés par l'absence non souhaitée.

On aimerait d'abord qu'elle pense à nous volontairement, avec le sourire et tendrement. Qu'elle revienne peut-être. Quand rien n'y fait, on finit par se contenter d'une pensée par erreur ou dans un rêve, ça serait bien. Et enfin, comme ça un jour, une dernière fois, peut-être, si seulement.

Ce n'est pas un texte d'aspect mélancolique à première vue. Mais tous ces souvenirs si bien conservés par l'auteur (qu'en est-il de l'autre coté?), tout ce qu'il espère, qu'elle pense à lui, d'abord confiant puis perdant peu à peu tout espoir, jusqu'à demander qu'elle y pense une seule et dernière fois (avant...?). Cette façon d'écrire de manière si reservée, en implorant sans oser déranger, en espérant sans oser s'imposer amènent au propos une portée dramatique bien plus forte qu'une simple demande ou déclaration.

D'un We'll meet again au Lost and found, d'un happily au finally, l'histoire meurt peu à peu. Comme la prestation du trapeziste, magnifique mais pas faite pour durer (the trapeze act was wonderful but never meant to last), comme le trapeziste même, qui s'élance et oscille, puis perd peu à peu de son élan, termine immobile.

A coté, il y a la musique d'Iron And Wine, la ballade de plus de 9 minutes, qui semble pouvoir se répéter eternellement, comme une pensée sans fin, qui jamais ne défaillit.



Please, remember me happily
By the rosebush laughing
With bruises on my chin, the time when
We counted every black car passing
Your house beneath the hill
And up until someone caught us in the kitchen
With maps, a mountain range, a piggy bank
A vision too removed to mention

But please, remember me fondly
I heard from someone you're still pretty
And then they went on to say
That the pearly gates
Had some eloquent graffiti
Like "We'll meet again" and "Fuck the man"
And "Tell my mother not to worry"
And angels with their great handshakes
Were always done in such a hurry

And please, remember me that Halloween
Making fools of all the neighbors
Our faces painted white
By midnight, we'd forgotten one another
And when the morning came I was ashamed
Only now it seems so silly
That season left the world and then returned
And now you're lit up by the city

So please, remember me mistakenly
In the window of the tallest tower
Calling passers-by but much too high
To see the empty road at happy hour
Gleam and resonate, just like the gates
Around the holy kingdom
With words like "Lost and found" and "Don't look down"
And "Someone save temptation"

And please, remember me as in the dream
We had as rug-burned babies
Among the fallen trees and fast asleep
Aside the lions and the ladies
That called you what you like and even might
Give a gift for your behavior
A fleeting chance to see a trapeze
Swinger high as any savior

But please, remember me, my misery
And how it lost me all I wanted
Those dogs that love the rain and chasing trains
The colored birds above their running
In circles around the well and where it spells
On the wall behind St. Peter
So bright, on cinder gray, in spray paint
"Who the hell can see forever?"

And please, remember me seldomly
In the car behind the carnival
My hand between your knees, you turned from me
And said, "The trapeze act was wonderful
But never meant to last", the clown that passed
Saw me just come up with anger
When it filled with circus dogs, the parking lot
Had an element of danger

So please, remember me finally
And all my uphill clawing
My dear, but if I make the pearly gates
I'll do my best to make a drawing
Of God and Lucifer, a boy and girl
An angel kissing on a sinner
A monkey and a man, a marching band
All around a frightened trapeze swinger

mercredi 9 février 2011

#3 Le clip du mercredi /// James Delay


James Delay - Howl

Musicalement minimaliste mais visuellement fouillé, le tout précis comme une montre d'horloger, ce clip est un petit bijou de réalisation. Et la traduction visuelle des émotions électroniques est parfaitement retranscrite.


mardi 8 février 2011

#2 Le concert du mardi /// Jeff Buckley

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Jeff Buckley - I Know It's Over (The Smiths cover) (Live) (from So Real : Songs from Jeff Buckley)
.

Quand Jeff Buckley reprend la chanson culte des Smiths dans une version live seul en acoustique, ça donne quelque chose digne d'un Hallelujah.

...

Blague à part, il livre ici une version plus intime, plus expressive que Morrissey, avec les qualités et les défauts qui vont avec. La meilleure version? On vous laisse le choix.

L'originale

La reprise:

lundi 7 février 2011

#1 La chanson du lundi /// The Feelies


The Feelies - Should Be Gone


Voilà plus de 20 ans que les Feelies n'avaient pas sorti de nouvel album.
Mais après leur disparition totale puis leur réédition/retour à la mode en 2009, The Feelies are back!

Avec exactement ce que l'on pouvait attendre d'eux. Du post-punk, devenu plus collégien-joyeux que sombre-industriel, plus The Cure ou REM que Joy Division. La musique est toujours hypnotique, les guitare cinglantes et leur incroyable sens du rythme reste parfaitement intact.

Etonnamment, c'est en grandissant que les Feelies sont revenus vers une musique moins sombre et plus juvéno-innocente. Parfait pour commencer la semaine!


Leur nouvel album, Here Before, sortira le 12 avril prochain. On a hâte!


dimanche 6 février 2011

#5 La découverte du week end /// Daniel Martin Moore


Daniel Martin Moore


Alors, pourquoi Daniel Martin Moore ?

Petit un, parce c'est un petit nouveau sur le label Subpop, un de nos labels préférés, celui qui produit entre autres The Shins, Beach House, Blitzen Trapper, ou encore Fleet Foxes. Bref, plutôt sympa.

Et ensuite, petit deux, petit trois ?

Parce que si Daniel est très jeune, il est tout simplement hors du temps et sa musique est temporellement parlant insaisissable, ni actuelle ni ancienne, juste hors du temps.

Parce que ses cordes, qui se partagent entre guitare et violon, entre folk traditionnel et country folâtre, résonnent dans nos oreilles comme dans un vieux jardin derrière une cabane dans la cambrousse, dans un village perdu très très loin.



jeudi 3 février 2011

#4 Les lyrics du jeudi /// Joanna Newsom


Joanna Newsom - Clam, Crab, Cockle, Cowrie


Il y a des textes qui savent fasciner par leur beauté sans pour autant se laisser docilement comprendre. Un enchaînement de phrases qui nous touchent au plus profond de nous, laissant notre conscience perplexe mais nourrissant ostensiblement notre inconscient.

De ces matins où le ciel ressemble étrangement à une route, de ces dragons nés pour avoir et garder, Joanna Newsom sort une ballade faite de rêveries et de regards perdus, d'attentes et d'espoirs, d'animaux reclus dans leur coque, de destins et de vie.

Une chanson portée par sa voix enfantine qui lui donne une jolie portée naïve, un monde tissé par le son de sa harpe, quelque chose de simple et de sensible, bien loin des morceaux grandiloquents qu'elle livrera par la suite.


Le texte :

That means no
where I come from
I am cold, out waiting for the day to come

I chew my lips, and I scratch my nose
feels so good to be a rose

Oh don't, don't you lift me up
like I'm that shy, no no no no no,
just give it up
There are bats all dissolving in a row
into the wishy-washy dark that cannot let go
and I cannot let go
so I thank the lord
and I thank his sword
though it be mincing up the morning, slightly bored

O, morning without warning like a hole
and I watch you go
There are some mornings when the sky looks like a road
There are some dragons who were built to have and hold
And some machines are dropped from great heights lovingly
and some great bellies ache with many bumblebees
(and they sting so terribly)

I do as I please
Now I'm on my knees
Your skin is something that I stir into my tea
And I am watching you
and you are starry, starry, starry
and I'm tumbling down, and I check a frown
Well, just look around
It's why I love this town
just see me serenaded hourly! celebrated sourly!
dedicated dourly; waltzing with the open sea
Clam, crab, cockle, cowrie
will you just look at me?



#3 Le clip du mercredi /// The Limousines


The Limousines - Very Busy People

Comment utiliser photoshop (et autres joies informatiques) pour faire un très bon clip ?

mardi 1 février 2011

#1 La playlist du mardi /// JajaClub


La playlist des deux prochaines semaines

Carte blanche à JajaClub


Comme les bonnes oranges ne poussent pas que chez nous, allons donc nous diversifier avec cette playlist internationale proposée par la célèbre webradio JajaClub.

Au menu, Bollywood, du garage rock hongrois, du funk hendrixien ghanéen, de la musique kabyle d'Algérie, du psychédelisme paraguayen, du rock sixties venu de l'ancienne Yougoslavie, les dignes héritiers espagnols de Jefferson Airplane, du garage rock angolais (vous apprendrez par la même occasion que la langue officielle là-bas et le portugais), du rock de Singapour et Malaisie, de la musique iranienne pré-révolution islamique, la star incontestée du rock turc, et pour finir et faire un petit lien vers l'actualité, la légende du funk psychédélique égyptien.

Qui a dit que le Comité des oranges n'était pas un blog de découvertes?

Et comme le JajaClub ne s'arrête pas là, vous pourrez les entendre en live ce vendredi soir en deuxième partie de soirée (vers 23h) à l'International, rue Moret, à Paris, pour un battle avec les jeunes et prometteuses djettes de De Perdidos Al Rio ! Les oranges seront de la partie.

Laissons maintenant la parole au JajaClub, pour un petit tour d'horizon de leur playlist. Patience lors de son écoute, certaines chansons sont plus longues à charger que d'autres. Sur ce, bonne écoute!

Sapan Jagmohan - Meri Aakhon Mein Ek Sapna Hai Feat Mohammed Rafi and Pankaj Mittra (edit) (1981)


Sapan Jagmohan n’est pas le nom d’un obscur chanteur indien des années 1970, mais bien l’association des prénoms de Sapan Sengupta et Jagmohan Bakshi, célèbre duo de compositeurs de scores pour Bollywood. Meri Aakhon Mein Ek Sapna Hai figure sur la bande originale de Videsh, grosse production sortie en 1977. Curieusement, Polydor India en sortira plusieurs éditions vinyles et la version de ce titre figure sur celles de 1981 et 1984. En 1981, les deux musiciens retravaillent le morceau, ce qui lui vaut la mention edit entre parenthèses. Introduction par un riff de guitare tout en arpèges et handclaps bien sentis avant que basse et batterie n’imposent leur loi. Le chant de Mohammed Rafi, star masculine de Bollywood, et Pankaj Mittra lui confèrent cette touche surannée et si particulière qui caractérise les productions indiennes.


Nemenyi Bela & Atlantis - Kinai Fal (1968)


Atlantis, c’est un groupe de garage comme la seconde moitié des années 1960 en a produit par centaines ou milliers, je ne sais pas, aux États-Unis et en Angleterre. Seule différence - mais pas des moindres -, Atlantis est un combo hongrois. Si, si, la Hongrie, ce pays d’à peine 10 millions d’âmes dirigé par les Communistes de 1945 à 1991 et donc théoriquement coupé de toute influence occidentale. Sauf que. Des guitares électriques ont pénétré le marché et la jeunesse hongroise, les oreilles pleines de rébellion mondiale captée sur les grandes ondes des transistors, s’est mise à produire un rock aussi fiévreux que celui de ses camarades de l’Ouest. Une fuzz hargneuse, une batterie aux breaks ravageurs, une basse virevoltante et Nemenyi Bela au chant. La recette parfaite pour un titre renversant. Au fait, Kinai Fal, c’est la muraille de Chine... Communiste, on vous a dit.


The Psychedelic Aliens - Gbe Keke Wo Taoc (1971)


Accra, 1970. De jeunes musiciens fans de raw funk sixties façon James Brown et du rock à la sauce Hendrix sortent leur premier (et unique) EP, enregistré au Nigéria voisin. Puis la fusion combinant rock et folklore latino de Santana leur fait tourner la tête. Ils décident à leur tour d’incorporer des éléments musicaux africains - en particulier de Highlife, le son en vogue dans le Ghana de l’époque -, et délaissent l’anglais pour le chant. Forts de leur succès, les Psychedelic Aliens sont les seuls locaux invités à monter sur la scène du festival Soul to Soul qui réunit le 6 mars 1971 le hall of fame de la musique noire américaine dans la capitale ghanéenne. Gbe Keke Wo Taoc, tiré de l’un des deux simples du groupe parus en 1971, illustre en 2:30 chrono l’alliage parfait entre garage, psychédélisme et afrobeat. Il aura fallu quatre ans de travail au collectionneur Frank Gossner pour sortir fin 2010 les huit titres connus de ce groupe aussi éphémère qu’exceptionnel.


Les Abranis - Chenar Le Blues (?)


Fondé en 1967 par le chanteur-guitariste Karim Abranis, Abranis a d’abord été abusivement crédité Les ou El Abranis sur leurs premiers 45 tours. Sorti sur le micro label français Bordj el Fren entre la fin des années 1960 et le début des années 1970, Chenar Le Blues (« J’ai chanté le blues ») est un petit bijou de rock arabisant. Guitare fuzz, basse et orgue se répondent l’un après l’autre par dessus une batterie à la précision impitoyable, puis vient se poser un prêche nerveux en arabe. En 1973, Abranis remporte le Premier prix du Festival national de la Chanson. Le début du succès. Aujourd’hui, le groupe continue de se produire et est reconnu après 40 ans de carrière comme le plus grand de rock kabyle. Pour l’anecdote, il existe une version disco de Chenar Le Blues sortie en 1977, en pleine mode paillettes-pattes d’eph’. Moins bon, malheureusement.


Fabio - Lindo Sonho Delirante (1968)


Né Juan Zenon Rolon au Paraguay, Fabio gagne Rio en 1967 sur les conseils de Tim Maia, l’une des super stars de la soul brésilienne, qui l’a initié à la musique noire américaine et aux psychotropes si prisés des hippies. Lindo Sonho Delirante, en français « beau rêve délirant », est une ode au LSD, comme la pochette du 45 tours le laisse clairement entendre. Le public, trop frileux, ne suivra pas Fabio dans son trip psychédélique et les ventes seront désastreuses. En pleine dictature militaire, il fallait un certain courage de se fendre d’une telle provocation... Quarante ans plus tard, le côté sulfureux n’est plus qu’anecdotique. Reste un groove furieux et des arrangements hallucinants. Bonne montée.


Grupa 220 - Prolazi Jesen (1968)


Pour tous ceux qui croient que dans les Balkans la musique se résume à Goran Bregović et aux fanfares, voilà du rock. Et du lourd. Chef de lance du mouvement des Non Alignés, la Yougoslavie de Tito regardait beaucoup vers l’Ouest, notamment question musique. Ainsi, dès le début des sixties, le rock gagne la fédération grâce à la bande son des manèges ambulants italiens et français qui s’y déplacent. Les Grupa 220, eux, se forment à Zagreb, capitale de la république de Croatie, en 1966. Deux ans plus tard, ils sont au faite de leur gloire et sortent leur premier LP. L’arrivée de Branimir Živković, clavier et flûte, fait alors évoluer le son du groupe, comme le prouve ce sublime Prolazi Jesen, tout en mélancolie et psychédélisme assumé. Nappes de guitare, clavier lancinant et chant éthéré, sûr, « L’automne passe » avec son ciel gris et bas et le froid qui s’installe.


Los 5 Diablos - El Fuego (?)


En pleine dictature franquiste, la jeunesse espagnole de la seconde moitié des sixties rêve elle aussi de liberté et d’Amérique. Elle vit au rythme de la soul et du rock qui secouent alors les pistes de danse. Le flamenco, c’est pour les anciens ou les touristes venus profiter des installations balnéaires flambant neuves de la Costa Brava. Après avoir tenté pendant des années de copier les Beatles, les Kinks ou les Rolling Stones, les groupes locaux ont le choix : surfer sur la vague psychédélique alors en pleine expansion ou l’adapter à la mode espagnole. Les 5 Diablos chantent dans leur langue maternelle, mais prennent sans hésiter la route tracée par Jefferson Airplane et consorts. Leur « El fuego », c’est un brasier sonore qui vous brûle comme le soleil andalou. Ouille.


Os Gambuzinos - Aida (?)


Oui, ça crachotte et pour la qualité on repassera. Depuis deux ans, je cherche une meilleure version de ce titre. Sans succès jusqu’à présent. Il faut dire que dénicher une copie propre d’un groupe de garage angolais totalement (ou presque ?) inconnu tient de l’exploit. Surtout que près de trois décennies de guerre civile ont laissé le pays totalement exsangue. Vous aurez compris qu’il n’y a presque aucune information sur ces Gambuzinos, alors concentrons-nous sur le morceau. Pas besoin de parler le portugais pour comprendre qu’Aida est la chanson d’un amour impossible, ou perdu. Ça commence par une complainte chant, basse, guitare avant qu’un gros break de batterie sonne la fin de la récré. La suite c’est un orgue et des cuivres, de la sueur et du sang. Ça crachotte toujours et tu pleures.


Mike Ibrahim & The Nite Walkers - Senyum Selalu (début des années 1970)


Backé la plupart du temps par les Nite Walkers, Mike Ibrahim était l’une des stars de la (petite) scène rock de Malaisie et de Singapour. Au début des années 1970, le jeune homme enregistre une série d’EP clairement influencés par le beat et le garage à la mode quelques années plus tôt dans le monde occidental. Dans cette partie de l’Asie du Sud-Est, le rock est arrivé grâce à un concert des Shadows et de Cliff Richards en 1961. Strictement instrumentaux au départ, les groupes malaisien changent d’avis deux ans plus tard, après la venue des Beatles. Clairement influencé par les groupes anglais et américains, Mike Ibrahim n’incorpore pas d’éléments traditionnels locaux à sa musique. Par contre, il chante en malais, avec une voix nasillarde. Et c’est agaçant, drôle ou surprenant. Peut-être les trois à la fois.


Ramesh Das - Sharm-e Boos-e (?)


Avant la révolution islamique de 1979, l’Iran du Shah fut l’un des pays musulmans les plus sensibles à la culture occidentale. Porté par une croissance exponentielle grâce au pétrole, l’envie de liberté y trouvait un écho à la hauteur des espoirs de la jeunesse locale. De James Brown à Gainsbourg, les influences sont nombreuses et des milliers de 45 tours de pop, de soul ou de rock s’enregistrent. La vraie star féminine iranienne, c’est Googoosh, actrice et chanteuse au charisme et à la beauté incontestables qui a servi de modèle à plusieurs générations de jeunes filles. Ramesh Das, elle, est une quasi inconnue. Pourtant son Sharm-e Boos-e, sorte de Shocking Blue oriental, est une bombe. Une voix aérienne, une basse puissante et des breaks bien sentis.


Erkin Koray - Yağmur (1971)


Erkin Koray c’est, avec Barış Manço, LA star incontestée du rock turc. Et de la fin des sixties au début des eighties, tout le pays a vibré aux sons de la fuzz et de l’orgue Hammond, au son de l’Anadolu Rock, ce cocktail explosif mêlant rock, jazz, funk et mélodies orientales. Au début Yağmur, « la pluie », tombe à coups de cymbale et d’arpèges descendants de guitare, puis la batterie et la basse se posent calmement. Après 45 secondes, le fantasque Erkin Koray - il faut voir son visage maquillé, sorte de Kiss arabisant - se met à chanter et l’eau tombe à verse. Flying Lotus ne s’est pas trompé en pompant telle quelle toute l’instru de ce titre pour mettre en son le Kobwebz de Gonjasufi. Écoutez deux playlistes dédiées à l’Anadolu Rock (http://www.balkanophonie.org/anadolu-rock-grooves-turcs et http://www.balkanophonie.org/grooves-turcs-psychedeliques)


Omar Khorschid - Rakset El Fadaa (1974)


En Égypte, son pays natal, Omar Khorschid est une véritable légende. Sa mort prématurée en 1981 a sûrement contribué à forger le mythe, mais il doit surtout sa gloire à un exceptionnel jeu de guitare. Lui qui préférait clairement les sons américains, « Tom Jones, James Brown », ne s’imaginait pas jouer pour une formation orientale quand il a lancé Les Petits Chats son premier groupe de garage en 1966. Et pourtant. Oum Khalsoum, impressionnée, l’engage pour son backing puis il est recruté par un célèbre orchestre égyptien. Khorschid décline d’abord la proposition arguant que la guitare est un instrument mineur dans la musique orientale, puis finit par accepter à cause de l’insistance du chef d’orchestre. Au début des années 1970, il part vivre au Liban où il enregistre Rakset El Fadaa, dans lequel se mélangent parfaitement toutes ses références. Une intro surf-psychédélique qui n’en finit plus suivi d’un énorme breakbeat oriental font de ces 7 minutes et 47 secondes un chef d’œuvre absolu de funk-rock arabisant.