jeudi 1 avril 2010

#4 Les lyrics du jeudi /// Thiéfaine


Thiéfaine - Je T'en Remets Au Vent

(Egon Schiele, Autumn Sun, 1914)

Rien n'est à jamais acquis dans une relation. Dans celle mis en avant par Thiéfaine, elle semble même être perdue à jamais. Et laisse maintenant la place aux regrets. Regrets de n'avoir pas été assez présent, renfermé sur soi-même et indifférent à tout. De ne pas s'être rendu compte de l'importance de la présence de l'autre, de ne pas lui avoir dit quand c'était encore possible, lui avoir montré.

Maintenant que l'on s'en aperçoit, il est trop tard. On fait sa propre critique avec une objectivité telle qu'on se demande si on ne cherche pas à s'accuser de tous les maux. Pour permettre à l'autre de se reconstruire. L'autre à qui l'on a fait perdre deux ans de sa vie. L'autre qui a tant donné sans rien recevoir en retour. L'autre à qui l'on doit tant et qu'on a perdu à jamais.



D'avoir voulu vivre avec moi
T'as gâché deux ans de ta vie
Deux ans suspendue à ta croix
A veiller sur mes insomnies
Pourtant toi tu as tout donné
Et tout le meilleur de toi-même
A moi qui ai tout su garder
Toujours replié sur moi-même

Mon pauvre amour, sois plus heureuse maintenant
Mon pauvre amour, je t'en remets au vent

Toi tu essayais de comprendre
Ce que mes chansons voulaient dire
Agenouillée dans l'existence
Tu m'encourageais à écrire
Mais moi je restais hermétique
Indifférent à tes envies
A mettre sa vie en musique
On en oublie parfois de vivre

Mon pauvre amour, sois plus heureuse maintenant
Mon pauvre amour, je t'en remets au vent

Tout est de ma faute en ce jour
Et je reconnais mes erreurs
Indifférent à tant d'amour
J'accuse mes imbuvables humeurs
Mais toi ne te retourne pas
Va droit sur ton nouveau chemin
Je n'ai jamais aimé que moi
Et je reste sans lendemain

Mon pauvre amour, sois plus heureuse maintenant
Mon pauvre amour, je t'en remets au vent

6 commentaires:

  1. très beau texte. Mais à mon avis sa beauté tient justement au fait qu'il n'exprime aucun amour et aucun regret de la perte.

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    1. Je pense comme toi. L'ironie est la base de ses paroles. Sans compter sur le titre en lui-même qui est révélateur.

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  2. Point de vue intéressant! C'est vrai que dans sa façon de dire les choses de manière abusément objective, et de prendre toute la responsabilité, on peut voir une certaine indifférence vis à vis de la situation. Genre "ok si tu veux c'est ma faute je m'en fous de toute façon..."

    Ca fait deux points de vue totalement contradictoire qui tiennent la route. Mais je vois plus Thiéfaine rongé par les regrets qu'indifférent comme peut le faire Bob Dylan (sur One Of Us Must Know par exemple)

    http://www.bobdylan-fr.com/trad/oneofusmustknow.html

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  3. HFT utilise souvent "l'inversion" dans ses textes : c'est a dire qu'il décrit une situation à partir de la position de l'autre à qui il donne ses propres mots, ce qui donne ce côté surréaliste à ses textes...
    dans ce cas-ci, le texte est troublant car on est pas sur de qui a quitté l'autre. il utilise l'argumentation de l'autre, les reproches qu'on aurait pu lui faire, les raisons pour lesquels l'autre l'a quitté, pour lui dire qu'il le quitte : l'inversion est là : la manipulation aussi car on ne sait au final qui fut la victime de l'autre dans cet amour déchu. nous nous retrouvons pris dans un piege où nous ne pouvons choisir entre l'artiste incompris et l'artiste narcissique

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  4. pervers narcissique, qui se connait ne changeras pas qui ne s’excuse pas pars qu’il est ce qu'elle aimait aussi.

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  5. Je ne suis pas un connaisseur de HFT, mais j'ai trouvé cette chanson très belle. L'impression que j'ai en l'écoutant c'est le regret d'avoir manqué de respect sans s'en être rendu compte sur le moment. Ca laisse penser "je ne t'ai pas aimé (ça j'y peux rien), j'ai été un c#n de t'avoir laissé espérer le contraire si longtemps."
    J'y sens une sorte de demande de pardon dont il se sort évidemment grandi.

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