jeudi 20 mai 2010

#4 Les lyrics du jeudi /// Gorky's Zygotic Mynci


Gorky's Zygotic Mynci - Christina (from How I Long To Feel That Summer In My Heart)


(Walter Sickert, What Shall We Do For The Rent, actuellement au Musée d'Orsay pour l'expo Crime et Châtiment)

A première vue, cette Christina a tout d'une chanson pop guillerette, le genre de chanson à écouter le matin pour entamer la journée du bon pied.

A première vue seulement. Car Christina n'est ni plus ni moins qu'une sordide histoire de meurtre.

Tout commence sur une histoire des plus classiques et des plus répandues : un fan tombe fou amoureux de son idole. Bien entendu, si lui la voit sur un piédestal, elle ne le voit tout simplement pas du tout.

Il se crée très rapidement son propre film, où l'amour fou et le bonheur se côtoient, et il s'y sent comme une superstar à l'image de son idole

Christina
I love you madly
Can't you see when I look to the stars
I'm a superstar

Malheureusement, dans la réalité, toutes les lettres qu'il envoie restent sans réponse. Et cette complète ignorance à l'extrême opposé de la vie qu'il s'est crée le pousse rapidement vers des décisions extrêmes.

And what's the point of you living
If we can't be together ?
I'm coming on to shoot you
The sooner the better

On l'aura compris, ces petites phrases placées au détour d'un couplet ou d'un refrain entrainant sont en fait lui parlant à son idole agonisante.

You're one minute cold
Next you're leading me on

Et cette fameuse mélasse du début du texte (treacle), c'est tout simplement elle baignant dans son sang.

Sad treacle, she's sweet but sad
Sad treacle, drove me oh so mad
All those letters she never phoned
Sad treacle left me all alone

Evidemment, avouer un meurtre sur une mélodie aussi légère et entrainante, c'est avant tout montrer tout le non-sens de ce meurtre, le décalage par rapport à la réalité et la folie passagère et morbide qui peuvent s'emparer du personnage.

Et c'est quand cette folie finit par s'arrêter, que seul le piano subsiste qu'on assiste au moment le plus poignant de la chanson.

Saw your last interview
You've better things to do
And now that you're gone
I'll always be with you

La "dernière" interview, aussi bien dernière en date que dernière qu'elle fera jamais. Maintenant elle est morte. Et c'est à son cadavre qu'il dit l'aveu final:

Well, you say I'm to blame
I was fed by you
Well, you say I'm to blame
I was fed by you

Nourri par elle. Comme un enfant ne choisit pas et est dépendant de sa mère qui le nourrit chaque jour, lui est dépendant de l'amour que son idole lui inspire chaque jour. Comme une mère qui, délaissant son enfant, est la seule responsable de son acte, elle-même, délaissant son admirateur, est la seule responsable de sa mort.


Sad treacle, she's sweet but sad
Sad treacle, drove me oh so mad
All those letters she never phoned
Sad treacle left me all alone

Christina
I saw you in a magazine-a
Your eyes shone like pearls
All over the world
I can't wait next time I'm goin' to see ya
Playing the part of pretty ballerina

What a way to carry on
You're one minute cold
Next you're leading me on
With me all alone
And you in your Bell Air home

Christina
I love you madly
Can't you see when I look to the stars
I'm a superstar
And what's the point of you living
If we can't be together ?
I'm coming on to shoot you
The sooner the better

What a way to carry on
You're one minute cold
Next you're leading me on
With me all alone
And you in your Bell Air home (x2)

Saw your last interview
You've better things to do
And now that you're gone
I'll always be with you
Well, you say I'm to blame
I was fed by you
Well, you say I'm to blame
I was fed by you

Christina
I saw you in a magazine-a
Your eyes shone like pearls
All over the world

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