lundi 23 août 2010

#1 La chanson du lundi /// Sufjan Stevens


Sufjan Stevens - The Owl And The Tanager (from All Delighted People EP)


Après 4 années passées de disette musicale, hormis un obscur projet instrumental de chansons d'autoroutes, Sufjan Stevens réapparait soudainement ce week-end avec la sortie surprise et immédiate d'un nouvel EP de 8 chansons intitulé All Delighted People, et disponible au téléchargement pour la modique somme de 5 euros ou gratuit à l'écoute via ce site.

Si la sortie subite d'un nouvel EP après tant d'années d'absence pourrait ressembler uniquement à un petit geste envers ses fans, quelque chose de préparé un peu à la va-vite pour redonner signe de vie, il n'en est rien. C'est mal connaitre l'homme et son perfectionnisme. Que ce fut avec le très ambitieux projet de créer un album par Etat des Etats-Unis, qui faute d'avoir été mené à terme donna lieu aux grandioses Michigan et Illinoise, ou bien le Songs For Christmas, ce coffret de 5 EPs sorti uniquement pour fêter Noël, Sufjan Stevens nous avait déjà habitué à faire les choses en grand. Et aujourd'hui, on a droit à un EP avoisinant les 60 minutes.

La première constatation à l'écoute de ce nouvel opus, c'est que Sufjan Stevens a quelque peu changé sa façon de chanter, et n'hésite plus à parsemer régulièrement ses phrases par des envolées à la Antony and The Johnsons. La deuxième constatation, c'est que All Delighted People fait un peu figure de compilation des albums précédents. On n'est donc pas étonné de se retrouver devant des morceaux audacieux dépassant les 10 minutes, sortes de longues symphonies vocales (les deux versions de la chanson titre) qui rappellent les grands moments d'Illinoise. On n'est pas non plus étonné d'y trouver des morceaux plus calmes et plus courts au banjo (Heirloom, Arnika) ou à la guitare acoustique (Enchanted Ghost). Si la longue partie instrumentale de Djohariah peut paraître dispensable, elle n'est là que pour préparer les cinq dernières minutes de la chanson, cette partie chantée qui termine l'album de la plus belle des façons. Dans sa construction, on se met à repenser à sa lointaine cousine Sister qui faisait l'originalité de Seven Swans. L'originalité, ici, on la trouvera dans les sons étranges qui parsèment From The Mouth Of Gabriel.

Dès les premières secondes de The Owl And The Tanager, on se souvient pourquoi on aime à ce point Sufjan Stevens. Il se dégage une telle pureté à travers cette voix et ces notes de piano qu'on a l'impression d'avoir affaire du diamant pur. Mais là on la fragilité du diamant ne semble pas adaptée à la main de l'homme, la musique de Sufjan Stevens, elle, nous est grande offerte, et il serait bien dommage de s'en priver.

Celui qui déclarait encore récemment ne plus ressentir le désir profond de partager sa musique, que quelque chose de personnel s'était irrévocablement perdu dans le procédé de partage avec le public semble avoir changé d'avis. C'est un peu le père Noël qui revient avant l'heure...


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