lundi 18 janvier 2010

#1 La chanson du lundi /// Arnaud Fleurent-Didier


Arnaud Fleurent-Didier - France Culture (from La Reproduction)


On ne peut pas dire le contraire, Arnaud Fleurent-Didier et son France Culture ont tout pour faire peur, prétentieux, parisien snobinard. Un chanté-parlé un peu nasillard, sur un texte qui semble le comble du snob, accompagné d'un cocktail explosif de boite à rythme, symphonie de violons et coeur à la Beach Boys, ça peut difficilement partir plus mal. A l'instar d'un Houellebecq, on a déjà envie de le haïr. Mais si on s'y essaie, ne trouve-t-on pas Les Particules Elémentaires magnifique, sinon poignant?

France Culture est de ces choses-là, ces choses qu'on a envie de détester, que l'on peut détester toute une vie, mais que c'est une erreur de détester. Car si l'on regarde de plus près, on se rend compte que France Culture n'est pas une vulgaire chanson snobinarde élitiste. Cette chanson, ça pourrait être le symbole de toute une génération.


Musicalement, malgré ce cocktail détonnant, tout ça tient complètement la route. La musique et la voix semblent se correspondre parfaitement, l'un renforçant l'autre. Et on en arrive même à croire au tube. Le tube mi-chanté-mi parlé, plutôt rare dans le milieu de la musique pop. Pulp en a fait quelques uns de son temps à sa façon, on se souvient de Countdown ou de I Spy. Vous savez, le genre de chansons qui vous fait vous hérisser les cheveux sur la tête, et dont le milieu du hip-hop est truffé.

A mi cheval entre la fin des années 2000 et le début de la nouvelle décennie, l'album La Reproduction et sa chanson d'ouverture bénéficient d'un terrain idéal pour se faire l'écho d'un grand changement, d'une transition entre le passé et le futur. Période de mutation, de saut vers l'inconnu, où la technologie se fait plus oppressante pour l'homme, son contrôle sur les événements moins évident.

Pour appréhender au mieux le futur, quoi de mieux que d'analyser son passé et chercher à comprendre son présent? L'éducation et les relations sociales n'ont jamais été autant au coeur de l'actualité. C'est là le thème de France Culture. Qu'est ce qu'être un jeune français des classes moyenne à l'heure actuelle? Arnaud Fleurent-Didier ne trouve pas meilleure réponse que de se questionner sur ses rapports avec ses parents, cette autre génération, à la fois proche et pourtant tellement éloigné.

Elle a connu la vie sans télévision. Avec internet, le moteur inhérent de notre nouvelle génération, elle semble un peu perdue, tout comme elle ne semble pas avoir pris conscience de son pouvoir et son influence sur l'éducation des jeunes. Elle n'a pas connu la guerre mais a appris à vivre avec son spectre, à cacher les tabous, dissimuler les non-dits. Elle a connu les trente glorieuses, le mouvement hippie, mai 68. Libre, bien plus libre que maintenant, mais tellement libre qu'elle s'est retrouvée maladroite à inculquer un quelconque modèle à suivre à ses enfants, sinon le seul modèle démocratique. Avec une éducation honnête mais sans fil directeur, où le libre arbitre seul compte, se forger une personnalité devient difficile. La liberté ouvre de nombreuses portes, mais elle ne montre pas comment les franchir. C'est le rôle de l'éducation. Et quand celle-ci fait défaut, ni bonne ni mauvaise, on se retrouve un peu paumé, perdu.

Voila à peu près le message qui se dégage de France Culture. Mais à l'inverse d'un musicien engagé, comme Diabologum auquel il est souvent comparé, Arnaud Fleurent-Didier ne critique pas, ne juge pas, il constate seulement à sa façon le monde d'aujourd'hui.


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